Le dernier restaurant qu’a abrité le Nomadic s’appelait Le Transbordeur du Titanic. Malgré son panneau publicitaire criard visible de loin, on ne peut pas dire qu’il ait attiré les foules… Nom funeste, trop difficile à retenir, peu vendeur ? Peut-être faut-il trouver là la première raison du désaveu du public. La situation géographique du bateau, quai Debilly, en contrebas de l’avenue de New York, à quelques pas du Palais de Tokyo et à peine plus éloigné du tunnel de l’Alma de sinistre mémoire dans l’histoire de la royauté anglaise, n’était pas un atout non plus : il fallait vraiment avoir envie de laisser la peau sur le macadam parisien en tentant désespérément de s’infiltrer dans la circulation routière en quittant les lieux après un repas ou tout était sur la note et rien ou presque dans l’assiette… Pas de parking digne de ce nom non plus sur place, il fallait laisser sa voiture garée tout près des containers à ordures… Décidément, seuls les connaisseurs de l’histoire du Nomadic semblaient y faire le déplacement pour déguster leurs asperges face au spectacle édifiant de la tour Eiffel illuminée, au rythme des bateaux-mouches indifférents défilant sur le fleuve.