Un rescapé du Titanic vu par son fils
Mon père, je le revois… Toujours en mouvement, passant de la colère à l’enthousiasme, et vice-versa, jamais tranquille sauf quand il faisait ses mots croisés. Encore, à ce mo-ment-là, nous demandait-il, si nous connaissions un mot en trois lettres signifiant, etc. Nous lui propo-sions un peu méchamment mais pour rire les mots les plus incongrus, ce qui le faisait sortir de son calme. Il mordait dans la vie à pleines dents, tou-jours optimiste, prêt à plaisanter, mettant de l’animation partout où il allait, un vrai boute-en-train, expression que je n’ose plus utiliser. En effet, ayant le goût de l’étymologie, je découvris le sens premier dans un dictionnaire : « Mâle utilisé pour détec-ter les juments en chaleur, et mis artificiellement dans l’impossibilité de faire la saillie ». On imagine la scène ? Je suis persuadé que toutes ces maîtresses de maison qui complimentaient mon père, lui disant : « Vous êtes un vrai boute-en-train » ne connaissaient pas l’origine de cette expression, autrement, elles au-raient rougi, et lui aussi…