Mémoires de Mahala D. Douglas : « Berthe »

En 1908, nous étions à Paris. La Seine était en crue. Il pleuvait à torrents tous les jours. C’était un monde humide, gris, brumeux, froid et détrempé. Le pauvre Walter tomba malade. Le docteur dit que c’était le plus beau cas d’angine qu’il avait jamais vu. Walter avait ses propres idées quant à la beauté (de cette angine). Nous prîmes une infirmière anglaise et une bonne française. La bonne arriva vêtue d’une robe de serge verte à rayures noires qui traînait. C’était d’un effet ravageur. À l’époque mon français était épouvantable et la pauvre fille était hébétée à la fin de la journée. Elle partit en hâte chercher la bonne qui l’avait recommandée et lui raconter ses ennuis. « Il se peut que cette dame parle français mais je n’ai jamais rien entendu de tel. Je ne comprends pas un mot de ce qu’elle dit. Je ne veux pas rester. » dit-elle. Mais elle resta et fut le délice de ma vie pendant trente-deux ans. Un cœur d’or, un humour jamais défaillant, honnête, compétente, fidèle, dévouée, un cadeau des dieux.

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Santa Barbara Calvary Cemetary (Coll. Thierry Dufournaud)

Carnet de voyage californien autour de Berthe Leroy et Gaston Bourlard

Ayant été très touché par le parcours de Berthe Leroy-Bourlard, l’histoire de la vie d’une petite fille, née française, émigrée aux États-Unis, naturalisée américaine. Elle choisit de revenir en France, afin d’y poursuivre le dernier acte de sa vie et d’y mourir (pour Independence Day, le 4 juillet), ce qui me décida à me rendre sur ses traces (et celles de Gaston Bourlard), en Californie. Ce voyage de quelques jours se réalisa tout début décembre 2007. Je dédie ce carnet de voyage à Berthe Leroy-Bourlard, Gaston Bourlard, Nicole et Christian Gorrée-Wéry, Michel et Sylvie Leroy, Walter Donald Douglas, Mahala Dutton-Douglas et leurs familles.

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Le mot du Président

La onzième année commence pour l’AFT, je la souhaite fertile et conviviale. Elle débute par un numéro spécial sur Berthe Leroyn Gaston Bourlard et la famille Douglas. Mais ce qui me ravit, par-dessus tout c’est la chaîne de personnes engagées qui a conduit à ce résultat. Si je ne manque pas de féliciter Thierry Dufournaud à qui l’on doit ce magnifique et riche numéro, je m’attache à remonter le temps pour retrouver Joseph Coïc et Marie-Thérèse Kissenberger et leurs très nombreuses expositions et conférences. Celles-ci ont permis, entre autre, de rencontrer Françoise Douglas, descendante de la famille que servaient Berthe et Gaston. Je suis reconnaissant à sa sœur de la confiance qu’elle nous a manifestée en nous prêtant de nombreux documents inédits. Je la remercie bien sincèrement. Ont suivi, dans cette chaîne, Michel, son contact dans un premier temps, prêteur, avec sa fille Sylvie, de documents.

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Mahala Douglas, The Daily Graphic, 20-4-1912 (Photo: Encyclopedia Titanica).

Titanic

Un poème de Mahala Dutton Douglas extrait du recueil This For Remembrance

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Témoignage inscrit par Berthe Leroy dans son exemplaire de La nuit du Titanic de Walter Lord.

Introduction

Jamais Berthe Leroy, jeune femme modeste, fille de mineur, couturière de son métier, n’aurait cru qu’un jour son nom ferait la Une du New York Times ; et pourtant, le 16 avril 1912, au lendemain de l’impossible naufrage du Titanic, son nom s’y trouvait imprimé en majuscules, six lignes seulement en dessous de celui de Bruce Ismay, PDG de l’une des plus grandes compagnies maritimes au monde, la White Star Line. Malheureusement, la TSF du Carpathia déforma son patronyme en « miss Bertha Lavory ». Berthe Leroy, qui toute sa vie ne fut, pour beaucoup, que la dame de compagnie d’une milliardaire américaine, a mené une vie incroyable, comme bien peu peuvent se targuer d’avoir vécu. Avec ce numéro spécial de Latitude 41 entièrement dédié à Berthe Leroy, nous vous proposons de faire connaissance avec cette jeune femme, à travers les mots émus de sa famille, les interviews qu’elle a données à la presse au fil des ans, mais surtout à travers les archives familiales : pour la première fois, des photos exceptionnelles, dont personne ne soupçonnait l’existence ni l’importance historique, sont rendues publiques. Les lecteurs de Latitude 41 sont les premiers à qui nous offrons ce cadeau inestimable. Berthe Leroy ne sera plus jamais « la bonne de Madame Douglas » sur laquelle très peu de choses sont connues, un nom dans une liste, un nombre dans des statistiques : grâce à ce numéro de Latitude 41, elle reprend vie pour nous conter son destin exceptionnel, son sourire et ses yeux sont bouleversants. Plus qu’un album de famille, ce numéro se veut un hommage, en attendant celui, officiel, que nous lui rendrons en 2002, en dévoilant une plaque sur sa tombe.

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