Cherbourg : histoire d’une plaque
Sa famille m’avait prévenu : tout le monde appelait Louise « Madame Niet ». Très vite, j’ai compris pourquoi… J’ai eu la chance et l’honneur de rencontrer Louise Laroche, rescapée du naufrage du Titanic, quatre ans avant son décès, et cette rencontre a été l’un des moments forts de ma vie. En mars 1995, accompagné de Claudine Laroche, de Michael Rudd et de son fils Paul, j’ai proposé à Louise de visiter le Nomadic, qui avait transporté sa famille à Cherbourg, le 10 avril 1912. La persuader de faire le voyage pourtant très court de Villejuif à Paris n’avait déjà pas été une mince affaire : « Non », m’avait objecté Louise, avant que j’aie fini ma phrase… Puis, se ravisant, et sur le conseil de Claudine, elle finit par accepter de prendre un taxi jusqu’à la tour Eiffel, non sans avoir pesé le pour et le contre et avoir changé d’avis une bonne dizaine de fois. C’était ma première « bataille » gagnée avec Louise, mais quel moment exceptionnel nous avons alors vécu ! L’émotion était intense, malgré le froid, l’état d’abandon (déjà…) du Nomadic et les souvenirs bouleversants qui se sont imposés à la mémoire de Louise, comme autant de larmes dans les yeux d’une dame âgée qui tente en vain de retrouver les traits du visage d’un père qu’elle n’a pratiquement pas connu.
