Mémoires de Mahala D. Douglas : « Berthe »
En 1908, nous étions à Paris. La Seine était en crue. Il pleuvait à torrents tous les jours. C’était un monde humide, gris, brumeux, froid et détrempé. Le pauvre Walter tomba malade. Le docteur dit que c’était le plus beau cas d’angine qu’il avait jamais vu. Walter avait ses propres idées quant à la beauté (de cette angine). Nous prîmes une infirmière anglaise et une bonne française. La bonne arriva vêtue d’une robe de serge verte à rayures noires qui traînait. C’était d’un effet ravageur. À l’époque mon français était épouvantable et la pauvre fille était hébétée à la fin de la journée. Elle partit en hâte chercher la bonne qui l’avait recommandée et lui raconter ses ennuis. « Il se peut que cette dame parle français mais je n’ai jamais rien entendu de tel. Je ne comprends pas un mot de ce qu’elle dit. Je ne veux pas rester. » dit-elle. Mais elle resta et fut le délice de ma vie pendant trente-deux ans. Un cœur d’or, un humour jamais défaillant, honnête, compétente, fidèle, dévouée, un cadeau des dieux.